Depuis le 02 avril 2012, je compare mes performances et mon approche de l’investissement boursier avec un Fonds prestigieux : le Fonds Fairholme.
La performance de ce Fonds a été de +35,38% en 2012 et il utilise l’approche fondamentale pour investir.
Aujourd’hui, je surperforme ce Fonds, mais aussi l’indice cac40 et le Dow Jones. Je ne sais pas si ces bons résultats vont être durables, mais pour le moment ma technique d’investissement qui consiste à utiliser l’analyse graphique est la meilleure.
Quel est le bilan de ce duel ?
Duel gagnant pour La bourse à long terme
Je rappelle que l’objectif que je me suis fixé est d’aboutir sur plusieurs années à une meilleure performance que le Fonds Fairholme et jusqu’à aujourd’hui le constat est sans appel.
La diversification sectorielle de mon portefeuille est plus importante que le Fonds Fairholme. En effet, celui-ci continue de privilégier le secteur financier en investissant dans des grosses sociétés bancaires comme American International ou encore Bank of America.
Pour ma part, j’investis sur 5 secteurs différents (Soins de santé, Industries, Consommation de Base, Consommation discrétionnaire et Matériaux de base) et sur un tracker qui suit l’évolution de l’indice CAC40.
Cliquez ici pour voir la fiche technique de ce Fonds (Graphique, profil, titres, performances).
La différence entre la gestion de ce Fonds et la mienne
Le Fonds Fairholme regarde les fondamentaux d’une entreprise, c’est-à-dire les principaux chiffres ou ratios permettant de juger de son état de santé, qu’il s’agisse de son chiffre d’affaires, de ses bénéfices, de son endettement, etc…, et de les comparer à ceux des entreprises qui interviennent dans le même secteur. Il privilégie l’analyse fondamentale.
La bourse à long terme a recours à d’autres instruments fournis par l’analyse graphique ou technique. Avec un graphique je regarde l’évolution passée des cours de Bourse et je prends position sur une valeur à l’aide d’un indicateur technique. La vente s’effectue également grâce à cet indicateur. Par contre, je n’essaie pas de deviner le futur. Je privilégie l’analyse technique.
- Performance du Crédit Agricole depuis le début de l’année : + 18%
- Performance de la Société Générale : + 6%
- Performance de la BNP : + 8%
Le fonds Fairholme investi massivement dans le secteur bancaire, alors pensez-vous qu’il faille acheter du Crédit Agricole ou de la Société Générale en 2013 ?
Bonjour Alexandre,
J’espère que ta méthode continuera à marcher et je suis avec intérêt car, bien que je sois un “fondamentaliste radical”, car c’est la seule approche que mon cerveau limité arrive à comprendre, je suis très curieux des autres méthodes qu’un investisseur particulier peut employer pour arriver à ses fins. Dans ce sens, ton expérience est vraiment intéressante.
Concernant ta question sur les financières, je vais donner un avis (qui n’engage bien évidemment que moi et ne saurais être une vérité absolue révelée). Ma petite légitimité pour avoir un point de vue peut être justifiée par mon immersion dans le monde bancaire et ma forte exposition aux entreprises financières (celles que j’arrive à comprendre du moins) dans mon portefeuille.
Je dirais qu’il est absolument nécessaire de faire la distinction entre les entreprises financières US et européennes, car les deux continents et systèmes financiers sont dans un contexte très différent :
– Aux US, nous avons eu une double récession immobilière, et une récession financière terrible. A la suite de cela, les banques pourries se sont effondrées et les grandes ont été recapitalisées. La recapitalisation est un élement important qui ne doit pas être sous-estimé : cela a réduit les leviers et grandement amélioré la qualité des bilans, aussi bien en termes d’avoirs qu’au niveau de la réduction des dettes long terme. La plupart des grandes banques US peuvent aujourd’hui faire face à une récession de plusieurs années sans aucun problème. D’ailleurs, on peut dire que c’est ce qu’elles font, car l’environnement des taux bas ne les favorise pas vraiment.
– En Europe, nous n’avons pas encore connu de récession immobilière, et la récession financière n’a pas encore été aussi terrible qu’aux US. Je ne souhaite pas particulièrement que cela arrive, mais j’aurais tendance à dire qu’il ne peut jamais être mal de considérer le pire scénario et voir si nous sommes confortables avec. En Europe, et plus particulièrement en France et en Allemagne, nous avons des banques qui n’ont pas été recapitalisées et qui ont des leviers très importants. Le levier du crédit agricole et de la Deutsche Bank sont proches de 40. Cela veut dire qu’une perte de 2,5% sur les actifs va complètement assécher les actionnaires (alors que, dans le même scénario, un actionnaire de Bank Of America par exemple perdra 20% de son avoir). Même les banques US n’avaient pas ces leviers là pré-crise. Egalement, les banques européennes ont beaucoup plus prêté que leurs homologues US, et n’ont pas les dépots nécessaires en face. La gestion a été imprudente à ce niveau : on prête plus que ce qu’on a, et je trouve cette gestion court termiste et risquée. Elle introduit un risque de liquidité (et c’est uniquement le manque de liquidités qui a coulé Lehman Brothers). Elle suppose que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ce n’est plus le cas aujourd’hui aux US.
Honnêtement, je ne sais pas si les risques que j’évoque vont se produire pour le système bancaire européen et français. Toutefois, dans le cas où cela se produirait, je ne souhaite pas faire partie des actionnaires. On pourrait croire que je suis fou d’envisager cela aujourd’hui avec tout ce que la BCE a fait, mais je rappellerai simplement que même Unicredit a dû se recapitaliser en Italie, et que les banques Espagnoles ont dû être recapitalisées également…
Evidemment, tu auras bien vu que Bruce Berkowitz investit uniquement dans les financières aux US.
Bonjour Serge,
Merci pour ce commentaire très instructif et qui précise bien la différence entre le fonctionnement passé et actuel du système bancaire européen et américain.
Ta réponse à ma question est donc négative 🙂
Tu investis toi aussi dans le secteur bancaire outre-atlantique.
Aujourd’hui, il y a peut-être plus de contrôle et d’audit, mais la spéculation sur les effets de levier dont tu parles avec l’utilisation de produits dérivés est quasiment la même qu’avant la crise de 2008. Je reste donc encore persuadé que le risque qui menace le système financier est MONDIAL.
Il y a peut-être certaines banques qui ont compris la leçon comme Bank Of America, mais la tentation de ces produits dérivés qui se sont généralisés dans le monde entier est tellement grande que je reste méfiant.
Je ne suis pas encore prêt à investir dans ce secteur même si graphiquement la tendance est encore haussière et ce depuis septembre dernier.